Écrivain et slameur, Le Parolier du Sud partage aujourd’hui avec nous son monde entre poésie, littérature et slam.
Slameur, poète et passeur de lumière, Yaya Ezail Kassé que le public connaît sous le nom : Le Parolier du Sud, transforme les mots en ponts et les silences en espaces de vérité.
Depuis Conakry jusqu’à la région parisienne, il trace sa voie avec une douceur désarmante et une conviction profonde : la parole peut guérir, éveiller et rassembler.
Aujourd’hui, installé en Île-de-France, il incarne cette génération d’artistes africains qui font de la poésie une arme de paix, un acte d’amour et de résistance.
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Une enfance au rythme des contes et des silences
Grandir en Guinée, c’est grandir au milieu des contes, des proverbes et des silences éloquents.
« Mon enfance est le terreau de mon écriture », explique-t-il.
Les paysages, les voix, les douleurs et les joies du pays nourrissent chaque vers.
La Guinée lui a appris que les mots peuvent panser et dénoncer tout à la fois. Il en garde une langue qui chante, qui pleure, qui danse entre le français et les idiomes locaux.
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Les débuts en poésie et slam
C’est presque par hasard que Yaya est entré dans l’univers du slam.
« Je suis entré dans la poésie comme on entre dans un rêve qu’on n’avait pas prévu », confie-t-il.
Enfant timide, il trouvait dans l’écriture un refuge, un espace de liberté où tout pouvait être dit.
Ses premiers textes, gardés dans un journal intime, étaient les échos silencieux d’émotions qu’il n’osait partager.
Avec le temps, sa plume s’est affirmée, guidée par les joies et les blessures de l’adolescence, jusqu’à toucher son entourage.
Un soir, invité par une amie à déclamer au Centre Culturel Franco-Guinéen, il découvre la force du verbe vivant, la magie du silence qui écoute.
Depuis, il n’a plus quitté cette voie : celle du slam, cet art poétique qui donne corps à la parole.
Ce soir-là , sous les regards suspendus, Le Parolier du Sud venait de naître.
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« Le Parolier du Sud » : un pseudonyme pas anodin
« Mon pseudo est né de mon désir de transmettre, de redonner ses lettres de noblesse à un art qui, en Guinée, peinait à se faire entendre. À chaque prise de parole, je rends hommage à cette terre qui m’a vu naître et qui m’inspire encore. », dit-il.
Le “Sud”, à ses dires, n’est pas qu’un point cardinal : il désigne les Rivières du Sud, ancienne appellation de la Guinée coloniale.
En choisissant ce nom, Yaya rend hommage à ses origines, à cette terre où la parole se tisse comme un tissu social, où chaque mot porte une mémoire.
Être Parolier du Sud, c’est assumer l’héritage et tendre la main à ceux qui viennent après.
Chaque prestation, est pour Le Parolier du Sud une offrande, un autel où les mots deviennent prières.
Parmi les moments qui l’ont marqué, il évoque avec émotion le spectacle ÉCRITUDE, organisé par le collectif L’École de Poètes à Abidjan, sur la scène du Palais de la Culture.
Ce soir-là , inconnu du grand public, il déclame « Cette nuit, j’ai fait un rêve », un texte d’abord écrit pour la Guinée, qu’il adapte à la dernière minute pour épouser le rêve d’une Afrique unie.
À mesure que les vers s’élèvent, la salle comble se laisse emporter par la force de ses mots. L’atmosphère devient vibrante, presque sacrée : la parole retrouve sa puissance, les mots reprennent leur place.
Un instant suspendu, gravé en lui comme une étoile dans la nuit.
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De Conakry à Paris : la traversée et la renaissance
Acteur majeur de l’émergence du slam en Guinée et sur le continent africain, Le Parolier du Sud a joué un rôle clé dans la mise en œuvre de la Coupe d’Afrique de Slam Poésie (CASP), dont la troisième édition se tiendra en décembre 2025 à Conakry.
Ambassadeur Pays Guinée de la CASP de 2018 à 2022, il a œuvré à faire du slam un espace d’expression, de liberté et de dialogue pour la jeunesse africaine.
Cette période féconde voit aussi la publication de son premier recueil, Sous silence de la vie (Innov 2020), un cri poétique où s’entremêlent douleur, lucidité et espoir.
Mais l’année 2020 marque également un tournant : arrivé en France en pleine pandémie, Yaya découvre un nouveau monde et une solitude inédite.
Devenir père, s’éloigner des siens, affronter le silence des scènes fermées… tout cela forge en lui un autre rapport au verbe.
De cette traversée naît son deuxième recueil, L’Oraison de l’âme (L’Harmattan, 2022) — un livre de passage, d’introspection et de renaissance.
En février 2022, il retrouve enfin la scène au Slamatable de Montreuil.
« C’était comme respirer à nouveau », confie-t-il.
Les vidéos de ses prestations circulent rapidement sur les réseaux, et son verbe, à la fois apaisé et tranchant, touche un public plus large.
« En Guinée, je voulais promouvoir le slam africain. En France, j’ai appris à me recentrer sur l’artiste, à affiner ma direction poétique. »
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Entre ses ateliers d’écriture, ses performances et son troisième livre prévu pour début 2026, Le Parolier du Sud continue de bâtir des ponts.
Il prépare également un projet mêlant slam et musique, où ses textes guideront les mélodies : « Ici, c’est la prod qui s’adapte aux mots, pas l’inverse. »
Ses prestations sont devenues incontournables dans les événements de la diaspora guinéenne en Europe.
LĂ oĂą il passe, les Ă©motions se rencontrent, les visages se reconnaissent.
« Si mes mots touchent ne serait-ce qu’une personne, alors j’aurai accompli ma mission. »
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Yaya Ezail Kassé, Le Parolier du Sud, incarne une parole enracinée et ouverte, une poésie vivante, héritière des traditions orales africaines et résolument tournée vers l’avenir.
Ses mots pensent les maux, sa voix ouvre les voies.
Et dans son souffle, c’est tout un continent qui respire.
